Si l’art du théâtre est l’art de jouer avec les autres, alors la performance solitaire scénique relève assurément de cet art. Seul en scène, on ne l’est jamais vraiment. On joue avec nos fantômes et ceux des autres, avec les souvenirs qui nous hantent ou nous ravissent, avec tous ceux qui peuplent notre imaginaire. On fait le clown mais la tragédie peut surgir à tout moment. On fait entendre des parcelles de nous, on révèle au monde nos parts d’ombre et de transparence. On brûle des mots qu’on déclame et nos regards sont embués de tendresse.
Être seul en scène, c’est aussi converser avec un auditoire silencieux, complice, qui tente d’entendre les soubresauts de l’âme, les éclats du cœur.
Le seul en scène comme un miroir teinté d’humanité. Être seul en scène, encore, c’est tenter le dialogue de sourds avec les dieux, c’est cheminer avec les mots des plus grands auteurs, c’est rêver les plus belles musiques et les plus belles peintures, c’est la perte du partenaire invisible dont le souvenir fait chavirer la mémoire, c’est tordre le temps pour qu’il se confonde avec l’indicible, l’invisible.
Le seul en scène comme une tentation de l’infini.
Le festival SENS est un passage, un partage, un tressage de mots, d’histoires, de regards, de failles et de rêves pour tenter l’aventure de la poésie et de l’incandescent.