Compagnie Hervé Koubi - "No Matter" - CANNES

Le titre donne le ton : Peu importe. Que l’on soit femme ou homme, ce qui compte « c’est de se présenter avec fierté tel qu’on est, de se moquer du regard de l’autre et du qu’en dira-t-on pour se libérer et conserver la force d’avancer ». Cette conviction profonde, Hervé Koubi la porte depuis ses premiers spectacles.

Elle s’incarne avec force dans ce programme qui met en regard "Boys don’t cry", créé en 2018, et "Nuits Blanches" et "Take back the night", nouveaux opus 100% féminin avec une équipe de danseuses venues de Corée du Sud. Là où la première pièce posait la question de l’identité masculine (que signifie danser pour un garçon, qui plus est d’Afrique du Nord ?), les suivantes sont dédiées à toutes les héroïnes du quotidien, aux oubliées de l’Histoire, aux figures de résistance et à celles, réelles ou de fiction, qui peuplent les cultures et récits populaires. Dix danseuses coréennes, accompagnées en musique par le duo lillois Dear Deer, leur rendent hommage dans un geste libérateur. Issues d’un pays au développement récent, où l’histoire et les traditions demeurent une richesse mais aussi un poids, elles affirment l’émancipation d’une jeunesse qui décident de s’affranchir des stéréotypes de genre. En prenant le pouvoir, elles ouvrent un espace de réflexion poétique et fédérateur.

L’histoire raconte que le Ganggangsullae, dansé la nuit, pendant la pleine lune, a permis aux femmes de repousser l’ennemi lors d’une tentative d’invasion au XIVe siècle. Son architecture a nourri la dramaturgie de Nuits Blanches et Take back the night.