GOUROU - Paris

Mathias apprend qu'il est l'unique héritier d'une mystérieuse secte américaine, l'Église Véritaniste. 100 millions de dollars l'attendent, à une condition : faire renaître la secte de ses cendres et réunir au moins 5000 fidèles en moins de 6 mois. La solution ? Devenir Gourou...

Gourou explore la façon dont un homme a priori ordinaire devient un prêcheur convaincu. Inspiré de la trajectoire de gourous tristement célèbres tels que Raël ou les créateurs de l’Ordre du Temple Solaire, cette pièce est une satire de l’endoctrinement religieux. À partir de ce thème, la pièce traite les dérives actuelles de la société comme le complotisme, la montée des extrêmes ou encore l’emballement médiatique. Cela permet de mettre en lumière ces problématiques par le biais de l’humour, et d’une histoire accessible à tous, sans pour autant délaisser la part du sacrée, de l’iconographie religieuse, ni les enjeux du changement psychologique opéré chez les personnages. Cette comédie glisse alors vers quelque chose de plus étrange, voire dramatique. Le personnage de Mathias incarne parfaitement cette trajectoire. Acculé par son propre mensonge et le délitement de ses relations sociales, il ne va avoir d’autre choix que de se tourner vers les préceptes de la secte qu’il promeut, au point de s’y perdre. De garçon ordinaire souffrant d’un chagrin d’amour, il va devenir leader charismatique. À l’instar de Raël, dont le comportement et les idéaux ont tristement évolué depuis sa première prise de parole, Mathias, va se laisser griser par le pouvoir qu’il a sur ses « fidèles » et ne plus savoir quoi inventer pour les manipuler et arriver à ses fins. A tel point qu’il se détourne de son objectif premier : récupérer l’héritage. C’est une quête de pouvoir et un engrenage vers la folie qui attend ce héros pourtant au départ inoffensif. Le spectacle adopte un style absurde avec des personnages illuminés, grinçants, hauts en couleurs. Une folie ambiante qui permet de pointer du doigt les travers de notre société avec un ton comique et décalé, qui vire au tragique.